Féminicide en Guadeloupe : « Un système de domination, d’écrasement et de destruction des femmes jusqu’à la mort »
L’association Koumbit Fanm Karayib a réagi avec « colère » ce week-end, après un nouveau décès par balle d’une femme de 27 ans, dans un contexte conjugal, la semaine dernière à Capesterre-Belle-Eau.
Ce week-end, dans une lettre ouverte, l’association Koumbit Fanm Karayib exprime sa « colère » face au nouveau féminicide qu’a connu l’Archipel la semaine dernière à Capesterre-Belle-Eau. Pour l’association, encore trop de femmes en 2024 sont exposées au risque de mourir parce que des hommes les considèrent, ainsi que son corps comme leur propriété, leur objet.
Sonia Deriau-Reine, membre de la direction collégiale du Koumbit Fanm, décrit sa colère.
Le féminicide, c’est un crime particulier. On tue des femmes parce qu’elles sont femmes. Certains hommes, pas tous, considèrent que les femmes sont leur propriété, un objet, qu’on peut les posséder, les violenter, les ravager et qu’on a droit de vie et de mort sur elles. Ces hommes le font parce qu’on leur a appris que c’était possible de le faire. Il y a urgence que les hommes prennent conscience que ce sont des hommes qui tuent. Il faut une révolution copernicienne pour que cesse ce droit de violence sur les femmes.
Pour l’association, ce nouveau féminicide, qui lève une fois de plus le voile sur une violence systémique dit « continuum féminicidaire » n’est pas un fait-divers mais un mal généré par la société.
En Guadeloupe, 1 femme sur 5 est victime de violences dans sa vie conjugale, 1 sur 4 chez les 20-29 ans, et 1 sur 3 est victime de violences psychologiques.
« Il y a urgence »
Pour Sonia Deriau-Reine, il faut agir vite.
Il y a urgence car le nombre de femmes assassinées dans le cadre conjugal par l’homme qui est leur mari ou compagnon est considérablement élevé chez nous. C’est un crime qui existe dans toutes les sociétés. Chaque année, en France, environ 120 meurent ainsi, soit une femme tous les deux jours et demi. C’est un crime de masse, on ne peut pas rester indifférent
Et, face à cette réalité des drames et des violences envers les femmes, l’association souhaite une action publique forte, continue et globale. Notamment dans l’éducation des garçons et des filles, comme l’explique encore Sonia Deriau-Reine.
Il faut des moyens pour la justice, pour les professionnels, pour héberger les femmes dont la vie est en danger. Que la justice ait des bracelets anti-rapprochements, que l’on distribue plus facilement les téléphones « Grand Danger » et que l’on puisse directement basculer l’appel sur les services d’urgence. Il faut former les gens et des effectifs beaucoup plus importants pour pouvoir résoudre ceci. Ce n’est pas une fatalité. La société peut changer. Il faut éduquer les jeunes garçons et évidemment les filles, pour leur dire qu’elles ne sont pas leur propriété
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