Chlordécone : Les marins-pêcheurs accusent l’Etat de noyer le poisson

Par 10/11/2015 - 17:29 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:29

Les marins-pêcheurs ont fait entendre leur colère le lundi 9 novembre. Au World Trade Center, trois propositions ont été présentées pour pallier l'impact du Chlordécone sur le milieu marin. Mais, elles ne semblent pas trouver grâce auprès de la profession.

    Chlordécone : Les marins-pêcheurs accusent l’Etat de noyer le poisson
Le chlordécone contamine l’ensemble des eaux de la Guadeloupe, c'est ce qu'ont assuré des marins-pêcheurs réunis au World Trade Center (WTC) à Jarry (Baie-Mahault) le lundi 9 novembre 2015.

Une partie de la profession a donc exprimé son inquiétude. Sa santé serait mise en danger. Elle en est convaincue. Les poissons chlordéconés peuvent être pêchés hors de la zone d’interdiction totale. Cet argument est réfuté par l’Etat.

Selon Jean-François Colombet, le secrétaire général de la préfecture des poissons de ce type ont bien été repérés. Toutefois, ils n’ont, en aucun cas, pu être pêchés hors du périmètre d’interdiction."Les services de l’Etat prétendent qu’ils ont été pêchés en zone d’interdiction totale", a-t-il souligné sur les ondes de RCI Guadeloupe ce mardi 10 novembre.

L’Etat campe donc sur ses positions en concédant tout de même une défaillance au niveau de la prévention."Il fallait dresser un procès-verbal afin de faire entendre (à ceux qui pêchent) en zone d’interdiction totale que ces poissons sont impropres à la consommation et qu’ils ne peuvent pas être commercialisés", poursuit Jean-François Colombet.

Mais, à en croire Jean-Claude Yoyotte, le président du comité régional des pêches le problème est très sérieux. Les marins-pêcheurs exerçant dans ces zones contaminées n’auraient plus de perspectives d’avenir."Cette colère qui est contenue aujourd’hui va exploser", a-t-il indiqué sur notre antenne ce mardi.

Jean-Claude Yoyotte va plus loin. L’amiante, le sang contaminé, les essais nucléaires à Mururoa, toutes ces problématiques de santé publique n’auraient jamais été présentées par l’Etat sur leur véritable jour."L’Etat à l’art de noyer le poisson. On attend qu’il ait deux pelés, trois tondus et on nous mettra une médaille sur la poitrine (…)", dixit le président du comité régional des pêches.

Les représentants de la préfecture ont donc mis sur la table trois propositions. Il s'agit de la diversification de l’activité, la retraite anticipée pour les plus anciens et la constitution de brigades bleues. Ces dernières enlèveraient les poissons des zones interdites à la pêche afin d’éviter de contaminer d'autres périmètres marins...


Anaëlle Edom et Meven Le Moign
@AnaelleE_RCI