Une piste inédite pour éliminer la molécule de chlordécone

Par 31/07/2019 - 12:04 • Mis à jour le 01/08/2019 - 12:13

Le chlordécone est un insecticide classé parmi les « polluants organiques persistants », répandue de 1972 à 1993 aux Antilles pour détruire les insectes sur les plantations. Son utilisation à grande échelle est à l’origine d’une pollution des sols agricoles. Mais des chimistes viennent de faire une étonnante découverte sur sa dégradation.

    Une piste inédite pour éliminer la molécule de chlordécone

Comme écrit dans un rapport de "l’Environmental Science & Technology", repris par le journal La Croix, le chlordécone est réputé non-biodégradable et très stable dans le temps car il a une structure chimique très particulière. « Ce qui a conduit les écologues et agronomes à prédire des durées de contamination de l’ordre de plusieurs dizaines voire centaines d’années selon les types de sol », a expliqué un chimiste au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), qui vient de mener une longue étude de 10 années. Les scientifiques ont identifié en laboratoire une vingtaine de produits de transformation de la chlordécone, obtenus en présence de diverses bactéries, dont Citrobacter. Afin de mieux caractériser ces produits, ils ont synthétisé ces derniers chimiquement.

17 produits de transformations identifiés

Les écotoxicologues ont ensuite recherché la présence de ces produits dans les sols antillais notamment en Martinique : « ces derniers sont systématiquement présents dans tous les échantillons de sols contaminés par ce pesticide, mais aussi dans les eaux de rivière, mangrove et sédiments littoraux ». En laboratoire, les bactéries sont capables d’induire la dégradation de le chlordécone en quelques semaines. Mais il faut encore vérifier que les conditions de température, humidité, et acidité sur le terrain aux Antilles soient les mêmes qu’en laboratoire. « Contrairement aux connaissances acquises jusque-là, la chlordécone se dégrade donc bel et bien dans les sols antillais et conduit à la libération progressive dans l’environnement de quantités importantes de produits de transformation. Il s’agit donc d’une bonne nouvelle », a résumé le chercheur Pierre-Loïc Saaidi.

Des études complémentaires

Ces résultats modifient donc profondément la vision de la pollution et de sa prise en charge, avec l’émergence des produits de dégradation qui pourraient cependant être de nouveaux polluants, indique le CEA dans un communiqué. De nouvelles études sont désormais nécessaires pour évaluer leur toxicité.

 

 


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