Témoignages : drépanocytaires, le don du sang leur a sauvé la vie
L’établissement français du sang de Guadeloupe doit régulièrement lancer des appels aux donneurs et faire venir des poches de l’extérieur pour répondre aux besoins locaux. Pour certains Guadeloupéens, notamment pour les drépanocytaires le don du sang améliore considérablement la qualité de vie.
Ce lundi, c’était la journée mondiale du don du sang. Des dons qui font malheureusement souvent défaut en Guadeloupe. Si chaque Guadeloupéen faisait simplement deux dons par an, l’autonomie de l’archipel serait assurée selon l’EFS. Mais faute de quoi, l’établissement français du sang doit régulièrement lancer des appels aux donneurs et faire venir des poches de l’extérieur pour répondre aux besoins locaux.
Pourtant le don du sang est une réalité pour certaines personnes notamment pour les drépanocytaires pour qui il améliore considérablement la qualité de vie.
La drépanocytose, maladie génétique la plus répandue dans le monde
La drépanocytose aussi appelée anémie falciforme est un trouble affectant les globules rouges. Les globules rouges ou hématies contiennent une protéine, l’hémoglobine, qui fournit de l’oxygène à toutes les parties du corps. Elle permet également l’élimination du dioxyde de carbone. Mais les globules rouges des drépanocytaires sont différentes : elles présentent des déformations qui les rendent rigides et fragiles. Ces anomalies favorisent l’anémie, des crises vaso-occlusives c’est-à-dire des vaisseaux qui se retrouvent bouchés et provoquent de fortes douleurs et un risque accru d’infections.
Très présente dans les populations noires, la drépanocytose est aussi présente chez les méditerranéens, les Indiens et dans les populations du Moyen-Orient. Il s’agit de la maladie génétique la plus répandue dans le monde et en Guadeloupe. Dans l’archipel, selon l'ARS, 12% de la population est porteur du trait drépanocytaire, soient environ 120 couples à risque par an. L’incidence à la naissance est d’environ 1/350 en Guadeloupe
Une maladie invalidante
Cette maladie invalidante a des répercussions sur la qualité de vie des personnes qui sont touchées. Lorsque les organes ne reçoivent pas assez d’oxygène, il leur arrive de s’altérer et de causer une douleur intense. Le don du sang permet également de soulager les douleurs des malades. On prélève des globules rouges du patient drépanocytaire et, dans le même temps, on transfuse des globules rouges sains d'un donneur de sang.
Les transfusions font en effet partie du quotidien de Jacqueline Jacques. Depuis deux ans, cette retraitée en bénéficie toutes les 4 à 6 semaines. Elle explique qu’à la suite d’une infection par un virus, elle est devenue incapable de produire des globules rouges. Le médecin lui a alors conseillé d’intégrer un protocole de transfusion. Jacqueline Jacques explique que ces échanges transfusionnels lui ont littéralement sauvé la vie, elle qui ne tenait plus debout.
Isabelle Boutin, 40 ans, a été hospitalisée à plusieurs reprises dans sa vie et notamment au service de réanimation à cause de sa maladie. Lors de ces admissions à l’hôpital, il lui est arrivé de bénéficier de dons du sang. Elle aussi est donc bien consciente que le don du sang sauve des vies.
Lutter contre les troubles de la fertilité
Pour les personnes atteintes par la drépanocytose, il peut être difficile de concevoir un bébé dans certains cas. Les traitements peuvent entrainer une aménorrhée ou une baisse de la fertilité. Chez le drépanocytaire une infection, une fièvre supérieure à 38,5°, des séquelles de micro-infarctus au niveau des testicules ou une crise vaso-occlusive peuvent entraîner une diminution importante du nombre de spermatozoïdes et il faut attendre parfois plusieurs semaines pour que leur taux remonte. Dans ce cas, les échanges transfusionnels peuvent aider.
Pour Sony Dankin, le don du sang est donc synonyme d’espoir. Celui d’avoir un jour un enfant. Quand nous l’avons contacté mardi matin, il était justement en pleine échange transfusionnel. Après deux heures de transfusion, il se sentait déjà physiquement bien plus en forme que la veille. Si l’opération n’est pas douloureuse, elle prend plusieurs heures. Dans le cas de Sony Dankin, c’est une matinée passée au centre pour recevoir deux poches de sang.
Don de sang, don de vie
Certains malades bénéficient de ces échanges transfusionnels tous les mois. Pourtant, beaucoup de tabous subsistent autour du sang. Jacqueline Jacques tient donc à rappeler aux Guadeloupéens, l’importance de ces dons pour les personnes drépanocytaires. A travers leur sang, les donneurs lui ont donné une seconde chance. La retraité, très investie dans le monde associatif, profite de cette vie, de cette énergie pour aider maintenant d'autres personnes.
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