Les scientifiques dénoncent un arrêté sur les coraux en péril

Par 07/07/2018 - 10:48 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:25

La destruction des récifs coralliens s'accélère notamment avec le changement climatique et la pollution. Près de 80% sont déjà touchés. Or ils protègent le littoral de la houle en cas d’intempéries, juste avant les mangroves. Ils favorisent aussi l'installation des espèces animales marines, donc le maintien de la pêche et des activités touristiques. Mais un arrêté pris l’an dernier, inquiète aujourd’hui les scientifiques. L’interdiction de toucher aux coraux même dans le cadre de leur protection.

    Les scientifiques dénoncent un arrêté sur les coraux en péril

"Le monde entier travaille à la restauration des coraux, en Guadeloupe c'est interdit" indiquait l’encart publicitaire, volontairement provocateur, publié fin juin par Igrec Mer, association de protection de l’environnement marin. Elle dénonce un arrêté ministériel qui interdit toute manipulation de coraux, même pour leur protection. Le 25 avril 2017, Ségolène Royal a fait publier un arrêté visant à la protection de plusieurs espèces de coraux des Antilles. Si les scientifiques ne s'émeuvent pas d'un texte contraignant quant à la protection des coraux en voie d’extinction, ils déplorent que la loi leur interdise de faire des expérimentations et opérations de sauvegarde sur les récifs, sauf dérogations longues à obtenir. 

Les projets en cours à l'arrêt

"L’arrêté n'a pas tenu compte des projets en cours" explique Mariane Aimar, de l’association. Depuis 2009, Igrec Mer avait mis en place plusieurs expérimentations de sauvegarde et de restauration des récifs. L'une d'elle consiste à collecter les œufs de coraux, qui ne pondent qu’une fois par an à les élever en aquarium et les réimplanter en milieu naturel. "Nous avons une pépinière de coraux à Goyave, à la baie de Petit Cul-de-sac marin, et nous aurions aimé déployer ce principe sur d’autres sites, en partenariat avec les clubs de plongée" a indiqué le président d'Igrec Mer. L’expérimentation est financée par le Parc naturel de Guadeloupe et le Port autonome, qui a mis 4 millions d’euros dans l'opération.

Des dérogations qui tardent

Mais pour l’heure l’arrêté bloque tout et l’association fustige "la perte de plusieurs années de travail et d’un millier de boutures pourtant prêtes à être transférées". Les demandes de dérogations doivent passer dans plusieurs services de l’Etat, ce qui peut prendre plusieurs mois avant un éventuel accord.