Une plainte pour homicide involontaire déposée contre le Crédit Agricole Guadeloupe

Par 22/05/2024 - 14:55 • Mis à jour le 23/05/2024 - 05:57

La Caisse Régionale du Crédit Agricole est dans la tourmente après plusieurs affaires en justice. La dernière concerne le décès d’une salariée sur son lieu de travail, en mars dernier. Elle se plaignait, depuis des années, de harcèlement moral et avait longtemps été arrêtée. Sa famille, qui cherche à comprendre, dépose plainte.

    Une plainte pour homicide involontaire déposée contre le Crédit Agricole Guadeloupe

Francette Deglas, une salariée du Crédit Agricole est décédée d'un AVC (accident vasculaire cérébral) sur son lieu de travail, en mars dernier. Selon ses proches, la victime aurait subi des faits de harcèlement moral depuis des mois avant le drame.

Aujourd'hui, la famille de la victime demande des comptes et, par l'intermédiaire de leur avocate, a déposé plainte pour « homicide involontaire » et « harcèlement moral ».

Il s'agit désormais, pour les proches, de chercher les liens éventuels entre la mort et toutes les responsabilités, notamment celles de l'équipe dirigeante.

Maître Gladys Démocrite, qui a engagé cette procédure pénale pour la famille Deglas, s’en explique.

Il faut savoir qu'au sein du crédit agricole, il y a une situation particulièrement grave. Plusieurs salariés sont harcelés par une équipe dirigeante, de personnes qui viennent d'ailleurs. Ma cliente est décédée en raison d'une affectation particulièrement humiliante qui s'inscrit à l'issue de plusieurs années de harcèlement. Actuellement, il y a un nouveau président du conseil d'administration. Il doit prendre les décisions qui s'imposent pour que ceux qui sont responsables de la mort de cette femme puissent être sanctionnés

L'avocate estime que cette situation, en tant que clients, en tant que sociétaires, doit interroger.

 

Nous, Guadeloupéens, nous devons nous demander quelle est notre part de responsabilité. Madame Deglas est décédée à l'issue d'un AVC hémorragique qu'elle a eu à son lieu de travail, alors qu'elle était à un poste particulièrement problématique. Une première fois, cette affectation avait généré chez elle un arrêt de travail de 5 ans. On lui a reproposé le même poste à quelques mots près et elle a tenu 7 mois. Depuis 2022, des plaintes pour harcèlement moral, contre le Crédit Agricoles sont déposées et si le procureur avait réagi et bien cette personne ne serait pas morte. Donc chacun doit prendre ses responsabilités, sanctionner de façon irréprochable ceux qui ont été responsables

Du côté des syndicats aussi, Luce Hilaire, déléguée syndicale adjoint au CSUNICAG, affirme que ces situations ne datent pas d'hier et atteste de l'engagement, en vain, des syndicats pour l'amélioration des conditions des travailleurs.

Cela fait un moment que le Crédit Agricole Guadeloupe est en tourmente. Et nous, les syndicats, nous cherchons par tous les moyens, par des entretiens, par le dialogue, à créer les conditions pour régler cette situation-là. Elle dure depuis 2015. 2015, 2017, 2018, 2022, on a envoyé des courriers, aussi bien à la Fédération du Crédit Agricole qui est en France, au groupe, sans oublier le conseil d'administration. Nous n’avons jamais eu de prise en compte alors que nous avons observé une montée des risques psychosociaux dans notre entreprise, et que cela nécessitait, inévitablement, d’avoir un véritable plan. Rien n’a été fait. Nous avons continué, chaque fois que nous savions que nos collègues étaient en situation difficile, en situation de burn-out. Nous avons fait des droits d’alerte. Ils se sont organisés pour ne jamais prendre les décisions qu’ils devaient prendre par rapport à cette situation. Et malheureusement, ce que nous ne voulions pas est arrivé, malgré nos nombreuses alertes. Malgré tout ce qui a déjà été fait, toutes les condamnations, ce n’est pas pour autant que le comportement de la direction générale et du conseil d’administration a changé

Le Crédit Agricole a été condamné il y a quelques jours, en mai, pour harcèlement moral sur trois ex-salariés (deux ex-directeurs d’agence et un technicien) part le tribunal des Prud’hommes de Pointe-à-Pitre, comme l’a révélé Guadeloupe la 1ère.

Suite à une mission d’inspection menée en début d’année, la Caisse Régionale de la Guadeloupe aurait été classée de manière extrêmement négative. Ces différents dossiers pourraient aboutir à de sérieuses réorganisations à la tête de la société.


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