Les crabes de terre et à barbe menacés par la surexploitation

Par 22/03/2024 - 14:00

Consommés traditionnellement à Pâques, les crabes de terre et les crabes à barbe sont désormais pêchés toute l’année et leurs populations sont menacées. Le Parc national de la Guadeloupe s'efforce de préserver cette ressource.

    Les crabes de terre et à barbe menacés par la surexploitation

Mets incontournables sur les tables à Pâques, les crabes de terre et les crabes à barbe sont menacés par la surexploitation. Les explications de Simone Mège, chargée de mission des milieux marins au Parc national de Guadeloupe.

Le crabe blanc appelé aussi crabe de terre et le crabe à barbe font partie du patrimoine culinaire de la Guadeloupe. Ces deux espèces étaient autrefois consommées essentiellement aux périodes de Pâques et de Pentecôte. Mais elles sont maintenant pêchées toute l'année et leurs populations sont sérieusement menacées

Ces espèces sont d’autant plus menacées que des habitants de plusieurs communes ont dénoncé des méthodes de captures non-sélectives.

Préserver cette ressource

Depuis quelques années, le Parc national de la Guadeloupe s'efforce de préserver cette ressource grâce à une stratégie de gestion durable, notamment en mettant en place une opération de suivi des populations de crabes, comme l’explique Simone Mège.

On a proposé une stratégie de gestion durable visant à limiter la pression sur ces populations de crabes. Cette stratégie, on l'a proposée aussi à l'association APRODECARM, c'est l'Association pour la protection des crabes et d'autres ressources de la mangrove dont le président est Franck Guérin, qui est aussi l'organisateur de la fête du crabe

Estimer l’état des stocks

Cette opération de suivi des populations de crabes permet d’estimer la dynamique des populations et l’état des stocks.

Ces suivis ont été mis en place depuis 2017 dans quatre communes - Vieux habitants, Les Abymes, Morne à l'Eau et Sainte-Rose -, dans des habitats différents : le littoral, la forêt marécageuse et les prairies humides.

Simone Mège explique comment est réalisé ce suivi des populations.

On fait ces suivis trois fois par an. Avant les fêtes de Pâques, ça nous permet de voir où en est en fait l'état des stocks. On fait un suivi après les fêtes de Pâques, qui nous permet de voir l'impact des prélèvements des crabes. Et ensuite, on fait un suivi quatre mois après, au mois d'octobre, pour voir s'il y a éventuellement une recolonisation des terriers qui ont été prélevés pour les fêtes pascales

Hiermatin (jeudi 21 mars), les agents du parc ont initié une classe de terminale du lycée agricole Alexandre Buffon à ce protocole de suivi sur la plage de Babin à Morne-à-l’Eau.

Les résultats, depuis 2017, montrent une chute des effectifs des populations sur certains habitats au moment des suivis de Pentecôte. C’est la preuve, pour Simone Mège, d’une forte pression sur les captures. Toutefois, note-t-elle, on observe quand même une recolonisation des terriers au mois d'octobre par des petits crabes qui remontent de la mer.

Donc on peut dire qu'il y a une bonne dynamique, toutefois, on ne voit pratiquement plus de crabes qui font entre 12 et 13 cm, les gros crabes. Et ça c'est embêtant parce que ça veut dire qu'il y a quand même un fort prélèvement avant, ce qui ne permet pas aux crabes d'atteindre ces tailles-là