Décryptage du Mercredi : Johnny Hajjar propose une prime de vie chère pour les salariés du privé
En ce mois de septembre, le pouvoir d’achat demeure un sujet sensible. C’est pour cette raison que cette thématique a été choisie pour le premier numéro du magazine « Décryptage du Mercredi » ce 6 septembre. Retour sur ce qu’il ne fallait pas manquer !
Pour échanger autour de cette problématique du pouvoir d’achat mis à mal par l’inflation et la vie chère en Guadeloupe, plusieurs acteurs ont été invités dans le magazine Décryptage du Mercredi. Voici un florilège de ce qu’il fallait retenir.
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Johnny Hajjar, député de Martinique, à l’initiative de la commission d'enquête parlementaire sur le coût de la vie en Outre-Mer, à propos de la vie chère : « C’est un combat qu’il faut prendre, car il est historique. Il y a une problématique d’ordre structurel. On parle de l’inflation, mais il y a un double problème, c’est l’augmentation des prix excessifs et aussi le niveau des revenus qui est très bas. L’un dans l’autre, ça fait le pouvoir d’achat. Parce que comme les revenus n’augmentent pas, mais que les prix augmentent cela fait un gros décalage.
Taxer les grands groupes
Et c’est justement en raison de revenus trop bas que le député propose une solution : augmenter les revenus des salariés du privé :
Je propose de taxer les monopoles et les oligopoles pour que cet argent serve à augmenter les salaires du privé pour avoir une prime de vie chère comme dans le public. Dans le public aujourd’hui, il y a 40% de vie chère qui existe historiquement depuis longtemps. L’idée c’est d’augmenter de 20% tous les salariés du privé à travers une taxe qui serait soumise uniquement aux grands groupes et cela permettrait à ces salariés d’avoir une prime de vie chère.
Lors de cet échange, le manque de production locale a été pointé du doigt, ainsi que l’importation massive « de la France et de l’Europe ». « Il faut changer ce système colonial qui perdure et qui a pour conséquence la vie chère, l’insécurité, des problèmes éducatifs, sociaux et environnementaux », dit Johnny Hajjar.
Poste sensible qui pèse lourd dans le pouvoir d’achat : l’alimentation. L’occasion pour Patrick Plantard, président des observatoires des prix, des marges et des revenus de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy de mettre en avant la solution du Bouclier qualité prix, qui présente toutefois quelques écueils.
« Le bouclier qualité prix est un des outils historiques qui permet de lutter contre cette hausse, mais il ne concerne qu’une centaine de produits et c’est insuffisant pour limiter l’inflation qui est mondiale. L’observatoire observe la mise en œuvre du BQP, mais n’intervient pas dans les contrôles, ce sont les services de l’État qui le font et qui nous rendent compte des contrôles qui ont été faits ».
Il y a des manquements constatés dans les rayons par les services de l’État, mais les sanctions ne sont pas appliquées selon le président de l’observatoire. « Quand il y a un manquement une lettre d’observation aux distributeurs qui doit s’expliquer et si on note de nouveau un dysfonctionnement il est susceptible d’avoir une amende. Mais il n’y a jamais eu d’amende infligée aux distributeurs.
Actionner les leviers
Représentant des commerçants, pour Didier Payen, importateur et industriel 1er vice-président MPI (moyennes et petites entreprises), une autre problématique se rajoute à la baisse du pouvoir d’achat.
C’est une vieille histoire et pour l’instant aucune solution pérenne n’a pu être portée, car je considère que les analyses qui sont faites, mettant à part le rapport de M. Hajjar, jusqu’à présent des solutions de fonds n’existent pas.
Par rapport à la loi Lurel de 2012, je me suis vu confisquer mon fonds de commerce par mon fournisseur pour lutter contre la vie chère qui lance un appel d’offres pour choisir un importateur. Il est impossible de négocier avec son fournisseur., ce sont les fournisseurs qui choisissent le client. Dès le départ on ne peut pas négocier les prix.
Pas de solution pérenne, c’est un avis que partage Christophe Wachter, président du CESER (conseil économique, social et environnemental régional) : « Les pouvoirs publics n’ont pas réussi à résoudre ces difficultés. La précarité s’accroit énormément chez nous. Cela mène à la pauvreté et la délinquance. Il faut qu’on sache réfléchir de manière collective à des solutions. Le rapport de M.Hajjar est très riche. Il s’agit de rechercher des solutions, elles sont nombreuses : agir sur les tarifs bancaires, ne pas hésiter à actionner le levier statutaire, cela fait 25 ans qu’on débat, mais on n’a jamais fait émerger de solutions avec les autorités nationales et locales.
Les leviers sont recensés aujourd’hui, il faut savoir les actionner. Qui fait et comment on fait et ça il faut le faire tout de suite. On est régulièrement en situation préinsurrectionnel à cause de ce problème de vie chère.
Un problème qui perdure depuis trop longtemps comme le confirme Alain Lascary, membre de l’observatoire des prix et représentant de l’UDCSF (union départementale de la confédération syndicale des familles de Guadeloupe).
« Depuis 30 ans, le pouvoir d’achat diminue. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui il n’y a pas de développement, de capacité de travail. Nous vivons aujourd’hui de ce qu’il reste du système colonial. Rien ne fonctionne, nous les assos de consommateurs, nous n’avons pas le droit de pénaliser les grandes surfaces. Tout ce que nous pouvons faire c’est remarquer que cela ne fonctionne pas.
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