« Journée Morte » dans les prisons de Guadeloupe : « cela aurait pu arriver ici aussi »

Par 15/05/2024 - 13:21 • Mis à jour le 15/05/2024 - 13:23

Comme dans l’Hexagone, les surveillants pénitentiaires de Guadeloupe réunis en intersyndicale ont également bloqué les prisons ce mercredi (15 mai), en solidarité avec leurs collègues tués par un commando dans l’Eure et pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail.

    « Journée Morte » dans les prisons de Guadeloupe : « cela aurait pu arriver ici aussi »
Mobilisation devant le centre pénitentiaire de Baie Mahault

Le personnel des prisons est mobilisé depuis ce mercredi matin dans plusieurs établissements de France, y compris en Guadeloupe. Ce mouvement national fait suite à l'attaque d’hier d'un convoi de l’administration pénitentiaire par un commando lourdement armé dans l'Eure.

Lors du transfert du prisonnier Mohamed Amra, qui s’est évadé, deux surveillants ont été tués.

En soutien, leurs collègues locaux ont donc décidé de bloquer l'accès aux visiteurs mais les parloirs ainsi que les extractions de détenus, jusqu'à nouvel ordre.

Il faut savoir qu'en Guadeloupe, les syndicats dénoncent eux aussi un manque de moyens et d'effectifs depuis des années.

Des évasions aussi en Guadeloupe et en Martinique

Plusieurs cas d'évasions, ont rappelez-vous, fait la Une de l'actualité à Baie-Mahault ou en Martinique.

Eric Pétilaire, secrétaire régional de la CGT-Pénitentiaire, le rappelle.

Tout le monde voit passer les vidéos en boucle où des collègues se font assassiner par un commando. Sur 187 établissements en Métropole, plus de la moitié sont déjà bloqués et, nous aussi, nous bloquons par solidarité. Les conditions sont difficiles en Métropole et particulièrement en Guadeloupe. L’équipe d’extraction judiciaire qui a été attaquée, nous ne l’avons pas ici. Nous sommes obligés d’attendre les policiers et les gendarmes mais, peut-être que ce n’est pas plus mal. On a d’autres soucis d’effectifs et au niveau de l’agrandissement de Baie-Mahault, qui a été fait sur une zone marécageuse. Aujourd’hui, dès qu’il pleut, l’eau monte. Ce qui est arivé en France peut arriver ici. Il y a 4 ans de cela, un commando est venu chercher un trafiquant de drogue en Martinique mais, eux, n’ont pas tiré. Nous ne sommes pas à l’abri puisqu’ils ont les moyens de payer des commandos pour venir les chercher.

mobilisation prison Guadeloupe

Karine Prétériens, secrétaire locale de l'UFAP à Fond Sarail, estime que ce qui s’est passé est « très grave ».

C’est l'un des plus grands drames que notre administration a eu à vivre. On a deux collègues qui sont morts, trois qui ont été grièvement blessés lors de cette attaque. Nous-mêmes, en étant à 8 000 kilomètres, on se dit que ça n'arrive pas qu'aux autres. La pénitentiaire, c'est une grande famille et on est forcément touchés par l'événement qui s'est déroulé hier. C'est le genre de choses qui peut arriver puisque nous avons une équipe locale de sécurité pénitentiaire qui effectue des extractions médicales et qui est amenée à faire des escortes de détenus au niveau du centre hospitalier. Malheureusement, pour nous, ici, en moyens humains, pour que cette équipe puisse fonctionner en toute normalité, le compte n’y est pas, notamment en termes de moyens matériels aussi. Le matériel n'est pas adapté pour le type de mission qu'on nous demande d'effectuer.

Olivier Degnace, surveillant brigadier et représentant Force Ouvrière, réagit également : 

On a des collègues qui se sont fait lâchement exécuter. C'est le terme exact. Aujourd'hui, nous sommes réunis en soutien pour pouvoir montrer aussi notre mécontentement sur nos conditions de travail, afin que l'administration puisse prendre en compte toutes nos doléances depuis le début, parce que ça reste quand même un métier très, très dangereux. Pour nous, ce n'est pas normal que des choses comme ça arrivent aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, nous avons aussi, comme en métropole, une équipe de sécurité qui fait les extractions. Donc, ça aurait pu arriver aussi ici, en Guadeloupe, comme là-bas, en métropole, avec une grosse surpopulation. Dans certaines cellules, nous avons 4 à 10 détenus qui dorment au sol. Ce sont des conditions inhumaines, même si ça reste des personnes détenues qui ont été incarcérées pour des faits. Cela complique notre travail à l'intérieur de l'établissement.


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